Le coin du naturaliste : Requin échoué en Baie de Loya
Si les échouages de dauphins sont heureusement peu fréquents, ils sont toutefois réguliers sur le littoral hendayais. Ceux de requins sont comparativement bien plus rares et méritent sans doute que l'on s'y attarde un peu...
| 22 Novembre 2019
Samedi 9 novembre, c'est une femelle de Requin peau bleue (Prionace glauca) qui a été découverte en Baie de Loya par un des Gardes du littoral du domaine d'Abbadia avant qu'une promeneuse (en infraction, Grrr... avec son chien qui plus est! Grrrrrr...) ne fasse mardi le buzz sur les réseaux sociaux.
Le buzz car comme les serpents, quelle qu'en soit l'espèce, les requins génèrent de suite des sentiments de peur et d'aversion. Là encore, quelle qu'en soit l'espèce. Pourtant s'il en est qui peuvent attaquer l'homme, la plupart des espèces de requins ne présentent strictement aucun danger. Concernant les Requins peau bleue, la méfiance semble toutefois devoir rester de rigueur notamment pour les plus grands spécimens.
L'échouage de ce requin, dont les causes de mortalités sont inconnues, est l'occasion de présenter succinctement cette espèce qui est présente dans quasi toutes les mers du monde, principalement toutefois celles aux eaux tempérées comme la Méditerranée et l'Atlantique mais avec pour autant des populations génétiquement différentes d'un bassin océanique à l'autre.
Dauphins, baleines, cachalots, orques, allaitent leurs petits et sont donc des mammifères. Les requins par contre, comme les raies (qui, en quelque sorte, ne sont finalement que des "requins aplatis"...), sont des poissons; des poissons dits cartilagineux* car leur squelette est constitué de cartilages et non pas d'os (en l’occurrence d'arêtes).
Ces poissons ont en outre la particularité de posséder des nageoires appariées. Deux pectorales et deux pelviennes bien sûr mais aussi deux nageoires dorsales (ailerons).
Outre sa coloration qui lui a valu son nom, son museau étroit et très allongé, le Requin peau bleue se caractérise notamment par de longues et étroites pectorales et un premier aileron dorsal de forme plutôt arrondie à son extrémité supérieure.
De forme très hydrodynamique, généralement peu agressif malgré une taille relativement impressionnante, il peut dépasser 3m pour approcher parfois les 4m de long. Le requin peau bleue se nourrit de poulpes, poissons et crustacés mais peut aussi se révéler nécrophage à l'occasion.
La situation du Requin peau bleue qui était, pour les populations atlantiques, qualifiée de préoccupante est désormais qualifiée de "quasi menacée" et est à ce titre inscrit sur les listes rouges européenne et mondiale de l'U.I.C.N (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Pour autant s'il est bien inscrit sur l'annexe 3 (espèces protégées) de la Convention de Berne pour la Méditerranée, le Requin Peau bleue ne bénéficie pas pour l'heure d'un statut de protection pour l'Atlantique.
* Les poissons cartilagineux sont appelés chondrichthyens par les scientifiques (de hondros qui signifie cartilage en grec)
Sources: https://doris.ffessm.fr/ ; https://ultramarina.com/ ; http://www.asso-apecs.org/ ; https://inpn.mnhn.fr/ ; https://www.iucn.org/
Photos: © Txomin Millet- Domaine d'Abbadia / Malgré un échouage sur un estran particulièrement rocheux et accidenté, le parfait état de la peau montre que l'échouage n'a précédé que de peu sa découverte. Probablement lors la marée précédente...