… Samedi 1er Février 2020, la Maison de la Corniche ressemblait à une ruche !
Eh bien non, justement, il ne s’agissait pas de mettre des abeilles en boîte mais d’accueillir dans nos jardins des insectes pollinisateurs. Aline et Etienne (bénévole et naturaliste- technicien de l’environnement) offraient un atelier participatif à une vingtaine d’adultes et enfants afin de construire " son nichoir à pollinisateurs ".
| 03 Février 2020
Le chaud soleil permettant une installation sur la grande terrasse, après un échange où chacun a pu mettre à jour ses connaissances sur le sujet, les nichoirs ont été fabriqués dans un joyeux bricolage avec bambous, bûches, sécateurs et boîtes de conserve.
Aline nous a informé sur le projet de sciences participatives SPIPOLL (suivi photographique des insectes pollinisateurs https://www.spipoll.org/ ) et a partagé avec le groupe de nombreux documents (livres, photos, articles).
Beaucoup de questions et de mises au point ont permis de tordre le coup à quelques idées reçues:
- Non les ruches ne sont pas la solution idéale pour sauver les abeilles, il s’agit d’un élevage avec un but: récolter le miel. Mais des espèces d’abeilles solitaires, très nombreuses (un millier en France) s’accommodent très bien de "logements" naturels pour peu qu’on les favorise.
- Les"hôtels à insectes" de grandes tailles, séduisants par leur esthétique, demandent plus d’attention et de soin pour éviter de favoriser le parasitisme entre les espèces. L’intérêt pédagogique est aussi grand avec des petites structures réparties dans le jardin.
- Pas de danger d’attirer des insectes"piqueurs": Nos nichoirs en tiges creuses sont spécifiques pour de nombreuses espèces d’abeilles et petites guêpes sauvages caulicoles (osmies, mégachiles, anthidies, sphex…) parfaitement inoffensives.
Un cycle de vie hors du commun
Le cycle de vie qui va s’accomplir, grâce à ces abris et à la présence de plantes fleuries pour leur nourriture, est tout à fait fascinant. Les tiges creuses (bambou, canne de Provence, paille…) accueilleront dès le printemps ces petits insectes souffrant de la crise du logement. Par exemple, l’abeille solitaire appelée Osmie, va aménager plusieurs cellules, séparées par des cloisons faites à base de boue. Dans chaque cellules elle confectionne un pain de pollen et de nectar sur lequel elle pondra un œuf. La larve se développera en consommant "le pain" puis se transformera en nymphe, puis en adulte qui quittera le nid au printemps suivant. Les œufs sont différentiés (ceux plus nombreux au fond donneront des femelles et ceux plus en surface des mâles qui sortiront plus précocement et attendront les femelles pour les féconder).
Ces adultes butineurs, transportant les pollens (sur leurs pattes, leur abdomen, selon les espèces) de fleurs en fleurs, joueront leur rôle indispensable de pollinisateurs dans nos cultures et nos jardins.
Chacun est reparti avec ces nichoirs "fait main" et pleins de connaissances nouvelles ou partagées.
L’Observatoire Agricole de la biodiversité: Un dispositif national protocolé
Les agriculteurs de la Corniche, eux, auront dans les prochains jours la visite d’Aline et Etienne munis de ces précieux abris.
Ce dispositif national se met en place depuis plusieurs années dans de nombreux territoires. Le principe de l'OAB est de proposer des protocoles d’observation de la biodiversité ordinaire aux agriculteurs intéressés, en vue de mieux connaître la biodiversité ordinaire en milieu agricole.
L’Observatoire Agricole de la Biodiversité est piloté par le Ministère en charge de l'Agriculture, dans le cadre de son engagement dans la Stratégie nationale pour la Biodiversité. www.observatoire-agricole-biodiversite.fr/
L’OAB est le premier projet national qui implique des agriculteurs dans l’observation et la création de références sur la biodiversité en milieu agricole. En étant des acteurs majeurs de la préservation et de la restauration de la biodiversité, les agriculteurs participent à la durabilité des systèmes agricoles.Nous proposons de poursuivre la mobilisation des organismes intéressés par la démarche: collectivités, organismes agricoles, agriculteurs, lycées agricoles à mettre en place des protocoles dans les exploitations agricoles du territoire en formant et en rendant les agriculteurs les plus autonomes possibles. Compiler les données collectées, faire un retour vers les contributeurs et créer ainsi une base de donnée locale (sans négliger les contributions aux inventaires nationaux).
Cette démarche vise d'une part à contribuer à la connaissance scientifique du territoire dans le cadre d'une démarche participative et d’autre part à établir une sensibilisation des agriculteurs sur les enjeux de la conservation de la biodiversité dans son ensemble.
Pour compléter nos connaissances:
- Un livre: "Loger et abriter les insectes au jardin"
Vincent Albouy et André Fouquet – Editions Delachaux et Niestlé.
- Le site SPIPOLL
- Le site du CPIE-littoral basque pour connaître d’autres RDV nature:
https://cpie-littoral-basque.eu/
Jacqueline Riquier, Aline Saubion et Etienne Legay