Une microalgue aux effets bien réels

Les espèces du genre Ostreopsis vivent fixées sur les fonds marins (microalgues benthiques) et sont connues depuis plusieurs décennies sous les tropiques pour leur toxicité, transmise à l'Homme notamment par la consommation de poissons et crabes contaminés.

Dans les zones tempérées comme la Méditerranée ou l'Atlantique, les risques sont différents: irritations cutanées et oculaires, troubles respiratoires ou digestifs, parfois après un simple contact avec l'eau ou inhalation d'embruns marins lors des épisodes de prolifération estivale.

Au Pays basque, deux espèces sont aujourd'hui recensées, dont Ostreopsis cf. ovata, identifiée en Méditerranée depuis le début des années 2000 et associée à plusieurs centaines de cas d'intoxications chaque année.

La première alerte sanitaire locale remonte à 2021, avec plusieurs fermetures de plages.

Des risques pour la santé humaine

En période estivale, certaines proliférations (efflorescences) d'Ostreopsis libèrent dans l'eau et l'air des toxines puissantes, comme la palytoxine et ses dérivés (ovatoxines), ainsi que des composés volatils irritants.

Leur contact direct avec la peau ou les muqueuses, ou leur inhalation via les embruns marins, peut provoquer:

• irritations cutanées et oculaires,
• troubles de la sphère ORL (toux, gorge irritée),
• gêne respiratoire (dyspnée, bronchospasmes),
• maux de tête, fièvre, troubles digestifs.

Ces effets peuvent survenir après quelques minutes d'exposition seulement, parfois sans baignade. Lors d'épisodes intenses, des fermetures temporaires de plages sont nécessaires pour protéger le public.

Des impacts sur les écosystèmes marins

Ostreopsis vit fixée sur les macroalgues, formant un mucilage dense qui perturbe la photosynthèse et l'échange gazeux. Ce biofilm modifie l'équilibre écologique local:

• diminution de la diversité des algues hôtes,
• réduction des zones d'alimentation pour les herbivores marins (oursins, poissons côtiers),
• accumulation de toxines dans la chaîne alimentaire (poissons, mollusques, crustacés), avec risque d'intoxication des prédateurs, y compris humains.

Lors d'efflorescences massives, la mortalité d'invertébrés benthiques et la fuite d'espèces sensibles peuvent altérer durablement la structure des communautés littorales.

Des recherches en cours avec OSTREOBILA

Rodolphe Lemée a présenté les avancées du projet européen transfrontalier OSTREOBILA (2024-2026), coordonné par le Groupement d'Intérêt Scientifique Littoral Basque et la Communauté d'Agglomération Pays Basque.

Les objectifs:

• Suivre la présence d'Ostreopsis sur le littoral basque,
• Comprendre les conditions environnementales favorisant son développement,
• Évaluer son impact sur la biodiversité et la santé humaine,
• Mettre au point des outils d'alerte et de gestion pour les autorités locales.

Les recherches comparent les dynamiques observées en Méditerranée et sur la côte basque, où les conditions (houle, marées, substrats rocheux, macroalgues) diffèrent nettement.

Un enjeu de santé publique et environnementale

Les échanges avec le public ont mis en lumière les préoccupations locales: risques pour les baigneurs, effets possibles sur les écosystèmes, rôle du changement climatique dans l'expansion de ces microalgues.

Le conférencier a rappelé l'importance de la surveillance, de la communication en cas d'alerte et de la coopération transfrontalière.

📌 En savoir plus

• Vous pouvez consulter le diaporama de la conférence sur l'espace ressources en ligne du CPIE Littoral basque en CLIQUANT ICI